Qu'est-ce qu'un enseignement comodal ?

Un enseignement co-modal offre aux étudiants 3 possibilités pour suivre le cours : 

  • En présentiel 
  • A distance synchrone 
  • A distance asynchrone 

 Le groupe d’étudiants est donc divisé en deux populations : une à distance et une en présence.  

Concrètement, l’enseignant filme et enregistre un cours qui se déroule en présence avec des étudiants et le diffuse en direct à des étudiants connectés à distance par exemple dans un outil visioconférence. L’enregistrement peut ensuite être déposé dans la plateforme de cours pour permettre aux étudiants de le consulter a posteriori. L’enseignant doit donc gérer simultanément une classe physique, une classe virtuelle synchrone et une classe en ligne asynchrone.

À la différence d’une formation hybride, où le mode de diffusion est imposé par l’enseignant à chaque semaine, dans la formation comodale, c’est l’étudiant qui décide quel mode lui convient d’une semaine à l’autre (en classe, à distance synchrone, à distance asynchrone), comme illustré dans la figure suivante. Ainsi, chaque étudiant peut décider de son propre parcours.

Parcours type d'un étudiant dans un cours comodal

(Source : blog du SUP-Université Bretagne Sud https://actutice.fr/wp-content/uploads/2020/07/enseignement_comodal.pdf)  

Quelques conseils pour mettre en oeuvre la comodalité

Cette modalité a été mise en place afin de répondre aux problématiques logistiques et organisationnelles liées aux règles actuelles sanitaires et de distance physique. Le critère "liberté de choix pour l’étudiant" sera donc probablement à temporiser dans cette situation particulière.

Si la comodalité apparaît au premier abord comme une solution facile et rapide à mettre en œuvre, elle requiert une attention particulière sur différents aspects pour être efficace d’un point de vue pédagogique. Cela nécessite une préparation importante en amont de la séance, des modalités d’animation multiples adaptées aux différents publics (en présence, à distance synchrone, à distance asynchrone) et une configuration technologique spécifique.
Vous trouverez ci-dessous quelques conseils pour une séance d’enseignement comodale réussie :
 

Aspects pédagogiques

  • Identifiez des contenus et activités pédagogiques propices à la comodalité et planifiez vos séances de cours (déroulement et durée des activités enseignant/étudiant). Nous vous recommandons de privilégier la comodalité pour les situations où vous interagissez avec vos étudiants et où vous leur proposez des activités. En effet, qu’ils soient en présence ou à distance, les étudiants sont en “synchrone”, il est donc plus intéressant de profiter de ces moments de présence commune pour prévoir d’échanger autour de questions ou d’exercices. Pour ce qui est de la présentation de vos contenus de cours, nous vous recommandons de les proposer à distance, en dehors des temps de cours “synchrones”, sous la forme de capsules vidéos.
  • Dynamisez votre séance grâce à des outils permettant de solliciter les étudiants et créer de l’interactivité. Prévoyez au cours de votre séance des temps pour poser des questions. Privilégiez les pauses réflexives courtes afin d’éviter des “blancs” longs sur l’enregistrement (dans le cas où le cours est enregistré pour être utilisé comme une ressource asynchrone).
  • Respectez l’équité entre les étudiants “à distance” et ceux “en présence” en termes de ressources et activités proposées et d’interactivité :
    • Prévoyez un outil qui permettra aux étudiants “à distance” de poser leurs questions (tchat Moodle ou Teams)
    • Prévoyez un facilitateur (un "assistant” enseignant ou un étudiant physiquement présent dans la salle) qui pourra vous relayer les questions des étudiants à distance et/ou leur répondre directement quand ils le peuvent.
    • Relayez les questions posées dans la salle et à distance afin que les 2 populations d’étudiants entendent les questions et pour que les questions posées soient enregistrées par votre micro.
    • Vous pouvez mettre en place des TRC (Techniques de Rétroaction en Classe) numériques avec Wooclap ou Forms par exemple. Ainsi, vos 2 publics pourront participer en simultané.
  • Maintenez le lien entre vos 2 populations d’étudiants pour que chaque groupe se sente intégré au cours et pour que tous les étudiants puissent échanger et interagir entre eux :
    • Jouer sur le sentiment de compétition bienveillante entre les publics, ne pas hésiter à les faire se challenger avec, par exemple, des votes séparés et une comparaison des résultats par groupe
    • Poser des questions spécifiquement au groupe à distance, leur demander s’ils ont des questions et proposer au groupe présentiel d’y répondre
    • Mettre en place un système de parrainage entre étudiants en présence et étudiants à distance. Ils peuvent par exemple prendre des notes en commun (dans un pad en ligne ou un Google doc), l’étudiant en présence pourrait être le relais de celui à distance pour poser ses questions.
  • Pourquoi (ne pas) enregistrer le cours ?
    • Si votre cours est très dense en contenu et/ou si les notions abordées sont “fondamentales”, alors l’enregistrement pourra être utile, y compris pour des étudiants ayant assisté en synchrone et qui souhaiteraient revoir le cours.
    • Si votre cours est basé uniquement sur des activités, impliquant notamment des déplacements, des travaux de groupe, beaucoup d’interactivité, etc., l’enregistrement n’aura probablement que peu de valeur pédagogique pour des étudiants en asynchrone. Dans ce cas, il semble pertinent de prévoir des modalités pédagogiques alternatives pour ce public d’étudiants asynchrone.
  • Dans le cas où le cours est enregistré et donne lieu à une ressource vidéo déposée dans la plateforme de cours en ligne pour un public d’étudiants “à distance asynchrone”, quelques précautions seront nécessaires. En effet, une vidéo d’un cours de 1h30-2h dont la personne qui visionne n’a pas fait partie n’est pas très motivante. Pour faciliter l’appropriation du cours par ce type d’étudiants, il peut être utile de :
    • Intégrer cette vidéo dans un scénario d’enseignement en ligne. On peut par exemple ajouter une introduction écrite qui résume le déroulement/contenu du cours, les objectifs de la séance, l’articulation de la séance avec les autres séances de l’UE, etc. A l’issue du visionnage de la vidéo, on peut proposer une activité d’autoévaluation (quizz) pour vérifier la compréhension et/ou un travail d’application. Idéalement, l’enregistrement pourrait être découpé en plusieurs parties, et les ressources/activités supplémentaires seraient intégrées entre les différentes parties de l’enregistrement.
    • Proposer un accompagnement spécifique des étudiants “à distance asynchrone”. En effet, la mise à disposition de la ressource scénarisée ne sera probablement pas suffisante. Cela peut prendre la forme d’un forum dans lequel ils pourront poser des questions. Cela peut être l’occasion d’impliquer les étudiants “en présence” qui pourront répondre eux-mêmes à ces questions (votre rôle sera alors de veiller à la justesse des réponses apportées et de compléter/corriger si nécessaire.).

Aspects techniques et organisationnels

  • Rapprochez-vous de la direction de votre composante pour :
    • Identifier les salles de cours et les équipements disponibles dans votre composante : matériel de captation/retransmission, de prise de son (micro-cravate pour l’enseignant), de diffusion des supports et des notes écrites (tablette numérique)
    • Connaître la (ou les) personne(s) ressource qui pourront vous former et vous aider en cas de problème technique.
  • Créez une session Teams sur l'ordinateur de votre salle de cours pour pouvoir vous connecter avec vos étudiants à distance le jour J.
  • Testez le matériel avant le jour J, surtout pour la première séance. Il peut être utile de demander à vos étudiants “à distance” de tester leur connexion en amont de la première séance pour éviter de perdre du temps et/ou des étudiants qui auraient des difficultés techniques.
  • Prenez en compte la configuration de la salle et la position de la caméra pour vos déplacements dans la salle. Idéalement, l’axe conférencier-caméra doit se situer à hauteur de regard, face à votre sujet. Pour vous aider à adopter la bonne posture physique pendant le cours, il suffit de s’imaginer que la caméra est l’un des auditeurs de la présentation. N’hésitez pas à vous adresser à la caméra, cela renforcera l’intérêt de vos étudiants “à distance” qui se sentiront “pris en compte”. Plus on s’excentre, plus le spectateur se sent écarté du cours et plus son attention chute. Dans tous les cas, veillez à ne pas sortir du champ de la caméra.
  • Communiquez en amont aux étudiants les modalités de travail, le déroulement de la séance comodale. Si cette modalité d’enseignement est nouvelle pour vous, elle l’est également pour vos étudiants et peut donc être perturbante dans les premiers temps. Elle va nécessiter de respecter quelques règles qui seront probablement plus rigoureuses que pour un enseignement 100% présentiel (gestion du temps, prise de parole, ponctualité, etc.).
  • Vérifiez que les étudiants en présence et ceux à distance accèdent aux documents supports que vous utilisez. Si vous distribuez de la documentation papier pendant la séance, veillez à mettre en ligne la version numérique pour les étudiants à distance.
Une étude des outils et logiciels à utiliser dans le cadre de la comodalité est actuellement en cours. Nous publierons des recommandations techniques sur cette page dès que possible.
 

Pour finir...

Comme toute nouvelle modalité d’enseignement, la mise en œuvre de la comodalité nécessitera probablement plusieurs séances avant d’atteindre un résultat “satisfaisant” (assurance dans l’animation, dans la gestion des différents publics, des outils, attitude des étudiants, etc.). Soyez indulgent avec vous-même et laissez-vous le temps d’expérimenter ! Nous vous conseillons, dans la mesure du possible, de commencer à mettre cette modalité en œuvre sur un cours que vous avez déjà l’habitude de faire en présentiel.
 

Sources

Exemples de scénarios pédagogiques en format comodal

Cours comodal basé sur l'exposé en grand groupe

La figure suivante illustre l’exemple le plus courant de formation comodale. Il s’agit d’un cours comportant un très grand nombre d’étudiants où la principale activité de présentation des contenus est l’exposé. Dans cette configuration, le taux de présence en classe ne dépasse habituellement pas les 20% à 30%.

Dans cet exemple, l’enseignant se sert d’un outil de classe virtuelle synchrone pour interagir avec les étudiants branchés en direct à distance. Ceux-ci peuvent poser leurs questions par clavardage à un assistant modérateur qui les retransmet à l’enseignant. Les enregistrements sont ainsi accessibles pour écoute en différé à l’ensemble des étudiants, à commencer par ceux qui n’ont pu assister à la classe en présentiel ou en simultané en ligne. Outre les exposés, d’autres activités de mise en pratique sont aussi suggérées à l’ensemble des étudiants. 

(Source : blog du SUP-Université Bretagne Sud https://actutice.fr/wp-content/uploads/2020/07/enseignement_comodal.pdf

Cours comodal basé sur l'échange et la discussion en classe inversée

Dans ce deuxième exemple qui se déroule sur une semaine, les objectifs pédagogiques sont de l’ordre de l’analyse et de la synthèse et utilisent une stratégie de classe inversée.  Pour permettre à tous les étudiants de les développer, des activités différentes mais équivalentes sont suggérées selon le mode :  

(Source : blog du SUP-Université Bretagne Sud https://actutice.fr/wp-content/uploads/2020/07/enseignement_comodal.pdf

Cours comodal basé sur le séminaire

Dans ce cours de 2ème cycle, des équipes de deux étudiants doivent être présentes en classe ou à distance au moment de leur présentation, mais autrement, elles peuvent suivre le cours dans le mode de leur choix. 

(Source : blog du SUP-Université Bretagne Sud https://actutice.fr/wp-content/uploads/2020/07/enseignement_comodal.pdf)

Enseigner en comodalité avec un totem Teams